• - Ne coupez pas le lien...

    Extrait d'une conférence improvisée de Omraam Mikhaël Aïvanhov (les lois de la morale cosmique, tome 12).

     Omraam Mikaël Aïvanhov nous parle ici de l'importance de relier de nouveau le plan physique et le plan subtil…

     

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    Ne coupez pas le lien

    Ne croyez pas, mes chers frères et sœurs, que c'est un besoin, chez moi, de démolir le prestige et la gloire des savants, au contraire. C'est seulement sur un point que je les critique : ils ont coupé le lien entre le monde extérieur, le monde de la matière dont-ils s'occupent, et le monde intérieur de l'âme et de la conscience ; c'est là qu'ils sont fautifs et que je me bagarre avec eux. Quand le lien entre le monde spirituel et le monde physique, mécanique, matériel, sera rétabli, le véritable progrès sera possible. Vous direz : "Mais pourquoi donnez-vous une telle importance à cette question du lien ? Cela ne changera pas grand-chose". Justement, la tristesse chez moi, c'est que l'on ne voie pas l'importance de ce lien.
    S'il n'avait pas une importance capitale, essentielle, je ne dépenserais pas mon temps et mes énergies inutilement. J'insiste, parce que tant que ce lien sera coupé, rien ne pourra s'éclaircir dans la vie.

    Hermès Trismégiste a dit : "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut", et ce précepte m'a toujours guidé dans mes recherches. Je vous en donnerai un exemple. Un médecin ausculte un malade ; il voit que tel ou tel organe qui fonctionne mal est en train d'entraver l'équilibre de l'organisme, et il cherche tous les moyens pour rétablir cet équilibre. Mais la question maintenant est d'aller plus loin et de prendre des leçons de cet organisme pour résoudre tous les problèmes de l'humanité. Un organe est composé de cellules ; les cellules sont composées de particules, et ces particules, d'autres particules encore plus petites… maintenant, on ne sait même plus jusqu'où on pourra aller dans l'analyse de l'infiniment petit. Donc, toutes ces cellules forment un organe ; beaucoup d'organes forment une unité, le corps humain ; et le corps à son tour représente une petite particule vis-à-vis de l'univers. Tout le monde sait cela.
    Mais pour que cette unité se porte bien, qu'elle mange, marche, parle, pense, etc., il faut que tous les organes fonctionnent correctement, et ils ne peuvent pas fonctionner correctement s'ils ne travaillent pas les uns pour les autres. L'estomac digère la nourriture et il ne la garde pas pour lui tout seul, il la distribue à tout l'organisme. Le cœur ne garde pas le sang pour lui, il l'envoie à travers les vaisseaux sanguins. Et les yeux ne voient pas et les oreilles n'entendent pas seulement pour eux-mêmes. Tous sont là au service de l'organisme entier, pour le protéger, l'avertir, le diriger, le transporter. Aucun ne travaille exclusivement pour soi, pour assurer seulement son existence, sa richesse, sa supériorité ou sa domination, tous obéissent à la loi du sacrifice, du renoncement, du désintéressement, de la fraternité… appelez cela comme vous voulez. Et quand l'homme est malade, c'est qu'il y a là un organe que des virus, des microbes, ou des matériaux impurs empêchent de faire son travail divin de renoncement.
    On peut donc en conclure qu'il existe une Intelligence supérieure qui a fixé des lois, et toute entrave à ces lois, c'est-à-dire toute manifestation d'égoïsme et de désordre provoque la maladie, et même la mort. Depuis des milliers d'années que les humains savent cela, pourquoi n'en ont-ils pas tiré une conclusion ? Puisqu'il est dit que tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, c'est-à-dire, aussi, que tout ce qui est petit est comme ce qui est grand, ce qui est valable pour l'individu est aussi valable pour la collectivité. L'humanité est un organisme où chaque pays est comme un organe constitué de cellules : les individus qui y vivent et y travaillent. Mais ces organes de l'humanité ne sont pas inspirés pas la même intelligence, par le même désintéressement, par le même amour que les organes du corps ; chacun ne pense qu'à lui-même, ne travaille que pour lui-même, au détriment du voisin.
    Le fonctionnement de l'organisme a été décrété par une Intelligence sublime, alors que celui de l'humanité est l'œuvre d'une intelligence humaine, c'est pourquoi les choses ne marchent pas, cet organisme est malade, tellement malade qu'il est menacé de mort. Pour le rétablir, il faut donc prendre exemple sur l'être humain que la nature a construit, étudier son fonctionnement, dans quels cas il est en bonne ou en mauvaise santé, et comprendre que ce sont les mêmes règles pour toute l'humanité.

    Bien sûr, je connais les objections. On me dira que c'est impossible, parce que les humains sont encore comme des animaux, bornés, égoïstes, cruels. Je connais mieux que vous la raison de l'état de choses actuel, mais la question n'est pas là. L'élite, ceux qui sont au sommet, peuvent intervenir pour changer l'ordre des choses. Eh bien, ils ne font rien. Tous ne travaillent que pour un organe. Or, voilà, justement, les organes doivent travailler les uns pour les autres afin que l'humanité entière soit dans l'abondance et dans la paix.
    Quand l'organisme est en bon état, toutes les cellules en profitent. Quand le cerveau est lucide ou quand le cœur est dilaté, même les pieds se sentent bien ; oui, vous sentez que vos pieds se réjouissent, même les orteils participent à cette joie. Vous n'avez rien remarqué ? Tandis que si les pieds sont un peu au froid, voilà le pauvre nez qui éternue ! Ce sont les pieds qui sont dans le froid, et c'est le nez qui éternue. Avez-vous besoin que je vous donne d'autres exemples ?…
    Donc, quand un organe est bien, tous les autres le sentent, se réjouissent, et quand un organe est coincé, les autres, les pauvres, se sentent moins coincés. Il n'y a que les humains qui se réjouissent quand un autre pays est coincé ; ils se réjouissent parce qu'ils ont coupé le lien.
    Les humains ont coupé le lien les uns avec les autres, et cette coupure s'appelle haine, hostilité, vengeance, rancune. Regardez les Pays Arabes et Israël, ou les États-Unis et le Vietnam. Vous direz : "Mais le lien n'est pas coupé, puisqu'ils ne cessent de se battre !" Dans le plan physique, c'est vrai, le lien n'est pas coupé, ils sont tout le temps les uns sur les autres pour se massacrer, mais je parle du lien du point de vue spirituel. C'est ce lien qui est coupé et la coupure de ce lien s'appelle la guerre. Là aussi, bien sûr, il y a un lien.
    Regardez deux personnes qui se détestent : elles se sont empoignées ; le lien n'est pas coupé, au contraire, elles n'ont jamais été aussi près… pour s'égorger ! Et d'autres qui sont séparées par des milliers de kilomètres, il existe un lien formidable entre elles ! Moi, je comprends le lien comme les mécaniciens, comme les électriciens le comprennent. Il y a là un appareil qui ne fonctionne pas, parce qu'il manque seulement un centimètre de fil ; alors j'arrive, je mets ce petit fil, et ça y est, le courant est rétabli, l'appareil marche. Tout est là, dans le lien.

    Une fois que l'on aura compris que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, le Royaume de Dieu peut venir. Comprendre qu'entre le ciel et la terre il y a un lien, tout est là. Pour le moment, ce lien est coupé, puisque même les savants et les penseurs prétendent que la nature ne possède ni intelligence, ni conscience. Mais s'ils continuent à diviser la matière, ils découvriront une intelligence qui dirige les particules. Et je vous dirai même que les particules sont de trois sortes, comme les humains.
    Il y a des gens qui vivent sans rien vouloir changer aux lois établies ; ils se conforment aux normes de la société, ce sont des gens "convenables". Il y a une deuxième catégorie d'êtres qui n'est pas satisfaite de l'ordre établi, elle veut amener l'humanité vers un ordre supérieur, l'ordre angélique, divin ; ce sont tous les grands Initiés qui sont venus sur la terre et qui ont toujours travaillé à faire sortir les humains de leur état d'animaux pour les amener vers un ordre meilleur où règnent plus de justice et plus d'amour. Enfin, il y a une troisième catégorie : les destructeurs, les anarchiques qui sont apparus dans l'histoire pour causer des ravages et introduire des philosophies pernicieuses.
    Donc, voilà, trois catégories : une catégorie qui respecte l'ordre établi, et deux autres catégories qui tâchent de changer cet ordre-là, les premiers pour un ordre divin, les autres pour un ordre diabolique. Ces trois catégories se retrouvent dans les atomes. Donc, à quelle intelligence ces particules, ces catégories de particules obéissent-elles ?
    Mais les savants n'ont jamais accepté ce système de correspondances qui leur aurait permis de faire un rapprochement entre la vie des hommes dans la société, la famille, et la vie des atomes. Quand ils ont découvert que l'atome était à l'image du système solaire, c'était malgré eux, ils ne le souhaitaient pas, et ils étaient même un peu ébranlés parce que cela bouleversait certaines de leurs théories. Mais bien que cela ne leur plaise pas, ils étaient obligés de l'admettre, parce que c'était évident. Et maintenant, ils vont voir apparaître dans les atomes des particules venues de l'extérieur, et ils diront : "Mais d'où viennent-elles ? Elles ne faisaient pas partie du système pourtant !" Eh oui, ce sont des "comètes". Donc, ils auront tellement de surprises qu'à la fin ils seront obligés de capituler et d'admettre cette loi des correspondances. En attendant, ils ont égaré l'humanité parce que, quand on supprime le lien entre le ciel et la terre, la vraie morale commence à péricliter.

    Quand les humains cessent de croire à l'existence d'une Intelligence qui préside à tout, la vie n'a plus de sens pour eux. Et dès que la foi est ébranlée, l'amour commence à l'être aussi, parce que la foi et l'amour sont liés.
    Comme je vous le disais : croyez en quelqu'un et il vous aimera, aimez-le et il croira en vous. Puisqu'on ne croit plus en rien, pourquoi aimer son prochain ? Pourquoi faire du bien ?… Au contraire, on doit en profiter, et même agir au détriment des autres, les assassiner s'il le faut pour les évincer.
    Voilà comment le seul fait de couper le lien entre le ciel et la terre, entre le grand et le petit, entre la conscience et le monde extérieur, a entraîné un bouleversement dans les mœurs, dans les attitudes. La situation actuelle provient de cette coupure à laquelle les savants et les philosophes ont contribué. Ils n'avaient pas prévu qu'en détruisant ces deux piliers, la foi et l'amour, qui soutenaient l'édifice, tout le reste allait s'écrouler. Et maintenant, la situation est catastrophique, on ne sait plus comment y remédier. Vous direz : "Mais ces gens-là étaient sincères !" Bien sûr, mais ils n'avaient pas la lumière, ils étaient aveugles.
    C'est pourquoi, malgré leurs découvertes, malgré leurs inventions, je les critique. Il fallait qu'ils prévoient les catastrophes que leurs théories pouvaient entraîner ; il fallait qu'ils sachent qu'il existe un lien entre ce que l'homme croit et ce qu'il fait. Ils pensaient que même en ne croyant plus en Dieu, en l'Intelligence Cosmique, l'homme serait toujours bon, honnête, noble, désintéressé. Eh non, voilà encore un lien de coupé : de ne pas voir le rapport entre une chose et une autre. Et moi, j'ai toujours insisté sur ce rapport-là, toujours.

    La philosophie et la science ont démoli en l'homme sa foi en ce qui est sensé pour le pousser à croire à ce qui est insensé, au hasard, à l'absurde… Croire qu'un hasard a pu arranger les atomes et les molécules de façon à fabriquer des êtres intelligents… en voilà, une belle découverte ! L'intelligence serait donc un résultat du hasard, de l'absurde ? Quel drôle de raisonnement ! Non, en réalité tout dans la nature contredit à cette idée, car une semence ne peut rien produire qui ne corresponde à sa nature. Même les alchimistes disaient qu'on ne peut fabriquer de l'or si on ne possède pas au moins une particule d'or. Et voilà que des savants, des philosophes prétendent que d'un hasard absurde est né un être intelligent, c'est pourquoi ensuite tout devient monstrueux.
    Le lien, j'insiste là-dessus, et la vie me donnera raison, les événements me donneront raison.
    J'ai vu l'autre jour, à la télévision, un penseur, soi-disant, qui expliquait qu'il aimait le désordre. Mais qu'est-ce que c'est que ces gens qui prétendent instruire l'humanité ? Il aime le désordre ! Ah, si je l'avais attrapé celui-là, il aurait passé un mauvais quart d'heure avec moi ! Je lui aurait dit : "Alors, vous acceptez d'être cancéreux, n'est-ce pas ? - Ah, non ! - Eh bien, c'est ça le désordre que vous souhaitez : le cancer. Puisque vous le souhaitez en dehors de vous, vous devez aussi l'accepter en vous. A ce moment-là, vous verrez ce que c'est le désordre. Donc, vous êtes un imbécile, vous ne savez même pas ce que vous dites !" Et c'est à des gens pareils que les portes de la télévision sont largement ouvertes !
    Si les humains veulent vraiment travailler pour le bien, ils n'y arriveront pas tant qu'ils travailleront chacun pour soi, jamais. Pendant un certain temps, ils seront bien, ils seront forts, ils seront riches, mais les autres qui sont là, autour, vont les combattre, et un jour ils seront démolis. On n'est jamais en sécurité en ne travaillant que pour soi. La vraie sécurité, c'est de travailler d'abord pour les autres ; à ce moment-là, oui, vous pouvez dormir tranquille, personne ne viendra vous combattre, parce que les autres seront pleins d'amour pour vous.
    Cette tendance tellement répandue chez les humains de ne travailler que pour eux-mêmes, pour leur bien-être, leur sécurité, ne leur apportera jamais ce qu'ils espèrent. Il faut qu'ils se débarrassent de cette idée-là ! La sécurité, c'est quand tous les membres de la collectivité seront enfin liés pour former une seule conscience.
    Regardez encore dans l'organisme : les organes ne se mangent pas les uns les autres… Je n'ai jamais vu que l'estomac se jette sur le cœur ou le foie pour le dévorer. Bien sûr, il existe des hommes chez qui la main prend un révolver pour faire sauter la cervelle, mais ce sont des cas anormaux. Chez tous les gens normaux aucun organe ne travaille contre un autre. Au contraire, quand ils ont une douleur dans une région du corps, leur main va s'y poser, consciemment ou inconsciemment, pour l'apaiser, pour y apporter de la chaleur. Vous voyez, les organes s'aident entre eux.

    La philosophie qui pousse les hommes à travailler seulement pour leur propre pays n'apporte à la longue que des malheurs. L'histoire nous en donne des preuves. Regardez tous ces royaumes tellement puissants qui ont disparu ! Et même d'autres puissances vont disparaître un jour. Où seront l'Angleterre, la France, l'Amérique ou la Russie, si elles gardent cet esprit de séparativité ? Seule la philosophie que nous apportons peut mener l'humanité vers le bonheur, vers la plénitude. La question maintenant, c'est de trouver, parmi les politiciens, des gens intelligents qui la comprendront et se décideront à l'appliquer. Pour la comprendre ce n'est pas difficile, c'est l'appliquer qui est difficile, et ils diront : "Pour le moment, ce n'est pas possible. Nous sommes les représentants d'un peuple et nous devons travailler seulement pour ce peuple, nous y sommes obligés. Sinon, nous sommes d'accord avec vous, ce que vous dites, c'est trop clair pour nous." Donc, vous voyez, même les chefs d'État ne sont pas libres.
    Si cette philosophie était acceptée, avec tous les moyens dont l'humanité dispose aujourd'hui, le Royaume de Dieu serait très vite là. Les humains ont toutes les possibilités, mais il y a quelque chose qui manque, là, dans leur cervelle. Voyez, chers frères et sœurs, il suffirait que tous ceux qui sont au sommet se décident et déclarent : "Maintenant, nous allons former un gouvernement mondial qui assurera la paix pour tous les hommes." Et comme on n'aurait plus à dépenser tant de milliards pour la défense et l'armement, on les utiliserait seulement pour améliorer la vie de chacun.

    Quand vous m'entendez pester contre les savants, vous demandez toujours ce que j'ai contre eux. Rien, je n'ai rien contre eux, mais c'est leur façon de penser que je combats et que je voudrais détruire et remplacer ; mais eux-mêmes, je n'ai rien contre, ils sont là, ils sont magnifiques, merveilleux, je voudrais les embrasser. Ce que je combats, c'est une idée ; mais ces gens-là si précieux, qui travaillent alors que les spiritualistes, les mystiques et les religieux ne font rien du tout, je veux les garder. S'ils pouvaient seulement rétablir le lien entre le monde physique et le monde moral, spirituel ! A ce moment-là, ils deviendraient tellement utiles, tellement nécessaires, tellement merveilleux qu'on irait les embrasser et leur donner des sérénades… oui, au clair de lune ! Donc, c'est le lien qui est important, ce petit fil que l'on doit placer pour rétablir la circulation entre la terre et le ciel, entre le monde d'en bas et le monde d'en haut.
    C'est toujours pour parler de cette communication, de cette circulation entre le monde divin et le monde physique qu'Hermès Trismégiste dit à propos de la force Telesma : "Il monte de la terre et descend du ciel et reçoit sa force des choses supérieures et des choses inférieures." Cette force, c'est le courant qui circule entre le ciel et la terre : la vie. Tout se tient. En apparence, tout est décousu, mais, en réalité, tout se tient.
    Le lien, toute la magie est là aussi. Regardez la baguette magique… Ce n'est rien d'autre qu'une tige qui relie les deux mondes. Celui qui veut être un mage doit posséder en lui-même cette petite tige qui fait le lien entre les deux mondes. Sinon, bien qu'il tienne une baguette, il ne peut pas déclencher les forces de la nature ni accomplir véritablement un acte magique, parce qu'il n'a pas compris que la véritable baguette magique est un lien vivant qui permet de faire passer le courant. Comme lorsque vous branchez une prise. Le rôle de la baguette magique, c'est de permettre un branchement pour que les énergies circulent d'un monde à l'autre Il y a bien quelque part une centrale électrique qui donne du courant, mais pour que la lampe s'allume, il faut la brancher, introduire la prise. Et la baguette magique, c'est justement la prise.
    Donc, quand le mage possède cette prise dans sa tête, dans son cœur, et qu'ensuite il tient à la main la baguette magique qui représente cette prise dans le plan physique, il peut faire passer les forces du monde divin dans le plan physique. Eh oui, c'est nouveau pour vous, et même je suis sûr que la majorité des occultistes ne sont pas non plus tellement au clair sur cette question. Ils se servent d'objets sans avoir compris ni leur sens, ni leur rôle, mais tant qu'ils ne les ont pas compris, tant qu'ils n'ont pas ce fil en eux-mêmes pour relier les deux mondes, aucun phénomène magique ne peut se produire. Voilà le sens de la baguette magique : un fil.

    Mais quoi que je vous dise, je sens que vous ne voyez pas l'importance de ce fil. Vous vous dites: "Il nous parle d'un fil que la science a coupé… Pff… on n'a pas besoin de ce fil !" Eh bien, sans ce fil, vous n'aurez aucun résultat. Pour moi, j'ai ce fil-là, oui, pour moi, mais il faut que tous puissent l'avoir. Moi, je ne peux pas vous le donner pare que cela ne se fait pas mécaniquement : "Allez, branchez-moi ça." C'est à chacun de comprendre, d'accepter, d'être d'accord pour brancher la prise. Pour moi, c'est fait, mais la question ce n'est pas moi, la question, c'est les autres maintenant.
    Car croyez-moi, tous les malheurs de l'humanité proviennent de la coupure de ce lien. Bien sûr, chacun explique les choses à sa façon : les économistes, par la situation économique ; les politiciens, par la situation politique ; l'Église, parce que les gens ne vont pas à la messe ; et les médecins, parce que les malades ne vont pas les consulter. Mais moi, je vous dis que les malheurs du monde s'expliquent par la rupture de ce lien. Il faut maintenant que ce lien soit rétabli, sagement, intelligemment, adroitement.
    Hermès Trismégiste dit encore : "Tu sépareras le subtil de l'épais avec une grande industrie." Et pourquoi les séparer ? Et que faire une fois qu'on les a séparés ? C'est simple : rompre le lien avec ce qui est épais, obscur, sans intelligence, et se lier avec ce qui est subtil, lumineux, intelligent. Quand on coupe le lien avec l'Intelligence cosmique, comme ont fait les savants et les penseurs, on se lie à l'absurdité. Le détachement d'avec une chose implique un rapprochement avec une autre. Et si vous vous éloignez du Seigneur, vous vous rapprochez des diables. Si vous vous éloignez de la lumière du soleil, vous vous rapprocherez des ténèbres. Voilà un élargissement des paroles d'Hermès Trismégiste auquel on n'a pas pensé. Le précepte : "Tu sépareras le subtil de l'épais" suppose, sous-entendue, l'idée qu'après la séparation se fera un rapprochement : en se détachant d'un objet, d'un être, on se lie fatalement à un autre objet, à un autre être.

    Alors, vous voyez, si je suis toujours désagréable au sujet des philosophes et des savants, ce n'est pas que je me croie plus capable qu'eux. Non, c'est seulement mon point de vue qui est supérieur au leur. Je suis comme l'enfant qui est monté sur un arbre et qui, de là-haut, voit tout ce que les autres en bas ne peuvent pas voir. Quand j'étais très jeune, quatre ans, cinq ans, j'avais quatre passions que j'ai d'ailleurs gardées aujourd'hui - sous une forme un peu différente, bien sûr. J'aimais monter au sommet des arbres, allumer le feu, ramasser des fils (eh oui, ça paraît stupide, mais j'étais très impressionné par les fils) et regarder l'eau couler. Dans le village de Macédoine où je suis né, au pied de la Babouna Platina (la Montagne de la Grand-mère) il y avait de très grands arbres, des peupliers surtout, et j'aimais monter dans ces peupliers, le plus haut possible, et je restais là très longtemps. Quand ma mère m'appelait, d'ailleurs elle savait toujours où me trouver, je descendais vite en me laissant glisser le long du tronc, et comme l'été, je ne portais pas de chemise, la peau de mon ventre était devenue comme du cuir ! Mais j'aimais les arbres, j'aimais rester perché, comme ça, au sommet des plus grands arbres…
    Pour les fils, je me souviens, j'ai provoqué un jour une tragédie. Je n'étais pas conscient, bien sûr ; j'avais cinq ans, six ans… Nous avions, dans notre famille, une femme qui faisait du tissage, et un jour, en voyant le métier à tisser où tous les fils étaient là, bien arrangés, je ne sais ce qui m'a pris, mais j'étais tellement impressionné par ces fils que je les ai tous coupés pour les avoir. Voilà, je me confesse devant vous ; regardez quelle destruction ! Évidemment, j'ai été corrigé, mais quelle tragédie ! Je vois encore maintenant comment tous étaient affolés et couraient à droite à gauche… Moi, je regardais sans comprendre pourquoi ils étaient dans cet état. J'avais tout coupé pour avoir les fils. Et qu'est-ce que je faisais avec ces fils ? Rien. Pourquoi les fils ? C'est ensuite que j'ai commencé à comprendre. Et pour le feu et l'eau aussi.
    Bien sûr, avec le feu, j'ai encore fait quelques bêtises. Je l'allumais, comme ça, pour le regarder, et un jour j'ai fait brûler le grenier de mes parents. Là non plus, je ne comprenais pas pourquoi tous étaient affolés et se dépêchaient pour l'éteindre. Je trouvais que c'était tellement beau, ce feu qui brûlait !… J'étais aussi émerveillé de voir l'eau qui jaillissait, tellement transparente, cristalline ! Et surtout, c'est une chose que je n'ai jamais pu oublier : tout près de l'endroit où nous habitions, il y avait une toute petite source qui jaillissait de la terre, et je restais, là, des heures entières, à la regarder. Aujourd'hui encore, je la regarde dans mon imagination, tellement limpide, tellement pure ! Ensuite, toute ma vie j'ai pensé au feu et à l'eau. C'est pourquoi la première conférence (la deuxième naissance) que j'ai faite traitait justement du feu et de l'eau, des relations entre les deux principes masculin (le feu) et féminin (l'eau). Ce n'était pas par hasard, il y avait quelque chose en moi que j'avais rapporté du passé et qui me poussait justement vers ces deux éléments pour y découvrir tout un monde nouveau.
    Et pour les fils, voyez, c'est clair aussi. Je cherchais les fils, je ne cherchais pas les aiguilles, elles ne me disaient rien du tout. C'étaient les fils… Comment interpréter cela ? C'est que les aiguilles, le principe masculin, je le possédais. Mais il me fallait le principe féminin, la matière, les fils, pour pouvoir faire les tissages. Enfin, après beaucoup de travaux, Dieu m'a donné ces fis, et je les ai maintenant. Mais vous, je vois que vous n'avez jamais cherché de fils, vous n'avez jamais coupé tout un tissage comme moi ! C'est criminel, je l'avoue, mais je suis allé réparer cette faute-là. Quand je suis retourné dans mon village natal, il y a quelques années (il se trouve maintenant dans la partie de la Macédoine qui appartient à la Yougoslavie) ces gens-là étaient encore en vie, très vieux, et je leur ai donné quelque chose pour le malheur que je leur avais causé. Il ne faut rien laisser comme ça. Tôt ou tard, on doit payer ses dettes.
    Quant à cette tendance à monter au sommet des arbres, elle annonçait déjà chez moi le désir de tout regarder de très haut, du sommet. Dieu ne m'a pas donné les facultés que je vois maintenant chez les savants et les philosophes. C'est formidable ces facultés qu'ils ont ! Moi, je ne les ai pas, mais voilà, je suis comme cet enfant qui aime monter sur les arbres, très haut. Son père qui est docteur de plusieurs universités est en train de travailler dans sa chambre, au rez-de-chaussée : il lit, il écrit, et le petit qui est en haut de l'arbre crie : "Papa, je vois mon oncle qui arrive ! - Et qu'est-ce que tu vois encore ? - Il arrive avec ma tante. - Et encore ? - Il porte une corbeille…" etc. Et ainsi le père se renseigne après de son fils qui a la possibilité de voir très loin parce qu'il est haut perché. Il est peut-être ignorant, mais à cause de sa position, il voit, tandis que le père, malgré ses facultés, ses diplômes, ne voit rien du tout parce qu'il est trop bas. Voilà, je vous explique : je ne suis pas aussi orgueilleux et vaniteux que je le parais. Je connais mes facultés trop limitées, mais je sais aussi qu'on m'a placé sur un sommet où j'ai un point de vue très vaste que tous ces gens qui me dépassent ne sont pas arrivés à savoir.

    Vous ne vous attendiez pas à ce que l'amour pour les fils puisse m'amener si loin, n'est-ce pas ? Eh oui, la baguette magique est un fil, une tige. Et même, dans notre corps, regardez, que sont les muscles, le système nerveux, les vaisseaux sanguins ? Des fils. Et une plante, un arbre ? Des fils. Et les rayons du soleil, aussi, des fils, qui viennent jusqu'à nous pour que nous puissions nous lier au soleil. Vous voyez ça va loin cette affaire-là ! Et la vie n'est aussi qu'un entrelacement de fils, un tissu. La nature travaille avec des fils, les femmes surtout, quand elles cousent, brodent, tricotent. Et maintenant, même dans l'industrie, dans les matières plastiques, on ne voit que des fils, des fils, toujours des fils.
    Comment à cinq ans, six ans, j'ai déjà senti l'importance des fils ? A cet âge-là, c'était inconscient, bien sûr, mais il y avait derrière une intelligence mystérieuse qui me poussait. C'était simplement pour me montrer qu'il n'arrive rien par hasard, car le jour où j'ai commencé à réviser tous ces goûts apparemment bizarres de mon enfance, j'ai découvert un monde inouï. La vie elle-même n'est rien d'autre que des fils, des fils… Que sont les chromosomes ? Des fils, et voilà que le caractère d'un être, son hérédité, sa structure, sont inscrits dans ces fils. Et le téléphone, les appareils de T.S.F., les ordinateurs, ce sont des fils, des fils enchevêtrés. Alors on dirait que tout est fil. C'est formidable !
    Les humains s'occupent de tous les fils, mais ils ont coupé ce fil essentiel dont je vous parle, et pour lequel je travaille afin de relier les deux mondes. C'est cela la véritable magie. Et savez-vous comment on peut définir la magie ? J'ai lu cela en Bulgarie quand j'étais encore très jeune. J'avais quinze ans et il m'est tombé dans les mains un livre de chiromancie de Desbarolles où, entre autres choses très intéressantes, il disait cette phrase qui m'a frappé : "La magie est une comparaison entre les deux mondes". Bien sûr, à cet âge-là, je n'ai pas compris. A quinze ans on ne peut quand même pas saisir la profondeur d'une idée pareille. D'après moi, la magie, c'était un savoir grâce auquel on pouvait commander aux esprits, faire des miracles. Mais quand même, cette phrase m'a préoccupé, je m'en suis souvenu, et plus tard, en réfléchissant, en étudiant, j'ai trouvé qu'il y avait là une grande vérité. Pour comparer deux choses, il faut les lier entre elles. Cette comparaison doit donc être d'abord un branchement. La véritable magie, c'est la comparaison entre le monde divin et le monde physique, grâce au lien qui existe entre eux. En dehors de ce lien, il ne peut exister de magie.

    Voilà ce que j'ai compris, et c'est pour cette raison que depuis des années, j'insiste tellement sur cette question du lien.
    Toute ma philosophie est basée sur ce petit fil, le lien entre les deux mondes. Supprimez ce lien, et quelques temps après, c'est fini, plus rien n'a de sens, vous tombez dans l'absurde car tout est éparpillé, désorganisé. Mais dès que vous rétablissez le lien, tout est clair, simple et limpide devant vous. Regardez, il fait sombre et vous branchez la prise : la lumière vient, tout s'éclaire.
    Si vous préférez, au lieu du mot "lien", vous pouvez prendre, par exemple, le mot "pont". C'est la même chose. Un pont relie les deux bords d'une rivière. Si vous n'avez pas de pont, vous ne pouvez pas passer. Pendant une guerre on tâche toujours de démolir les ponts pour désorganiser les forces ennemies. Et les chaussées ? Les routes, les chemins, les chaussées, ce sont aussi des liens. Coupez les ponts, coupez les routes, et c'en est fini d'un pays, car aucune circulation n'est plus possible. Exactement comme lorsqu'on sectionne une artère : l'organe qu'elle alimentait meurt, car il ne reçoit plus de nourriture. Et les humains qui ont coupé le lien avec le Ciel pensent que rien ne sera changé, qu'ils continueront à être abreuvés, heureux, dans la plénitude. Oh ! Qu'ils sont stupides, mon Dieu ! Heureusement qu'il existe d'autres liens qu'ils n'ont pas réussi à couper ! Puisqu'ils sont encore vivants, c'est qu'ils n'ont pas coupé la corde d'argent qui les relie à leur corps physique ; ils n'ont pas non plus coupé le lien avec l'air, avec l'eau, avec la nourriture. Certains n'ont pas non plus coupé le lien avec la société, ou avec leurs parents, mais ils ont coupé le lien avec le Père Céleste, et peu à peu, s'ils continuent, ils arriveront à couper les autres liens.

    On peut encore trouver des équivalents du mot "lien" dans d'autres domaines. Pourquoi parle-t-on d'une "liaison" entre un homme et une femme ?… Et la naissance d'un enfant ? Un enfant naît, parce que le père et la mère ont fait un lien. Vous voyez que c'est bien de la magie : l'homme et la femme ont fait un lien, et voilà un enfant qui parle, qui agit, qui vit. C'est toujours une petite tige, une petite baguette magique qu'on doit brancher, introduire quelque part pour qu'enfin les forces circulent. Chaque homme possède cette baguette magique, mais s'il ne fait pas de "branchements" il n'y a pas d'enfant. Les hommes et les femmes pratiquent cela sans arrêt, mais ils n'y ont rien compris. Rétablir le lien, le contact entre les deux mondes : le monde féminin et le monde masculin, le monde d'en bas et le monde d'en haut, le monde réceptif et le monde émissif, il n'existe pas de plus haute magie. Et où trouverez-vous un événement plus important que la naissance d'un enfant ? Tout le reste pâlit à côté.
    Mais la conception d'un enfant n'est pas uniquement un phénomène qui se produit dans le plan physique entre un homme physique et une femme physique. Non, il y a d'autres domaines où l'on peut concevoir un enfant. Voilà le travail essentiel qui vous attend. Si vous n'avez pas encore la clarté suffisante, ne vous inquiétez pas, elle viendra dans d'autres conférences.

     

    Omraam Mikaël Aïvanhov

    Sèvres, le 14 janvier 1968

    « Etat de grâceSe guérir soi-même »
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