LE NON DÉSIRÉ - Daniel Meurois
Rencontre avec l'enfant qui n’a pas pu venir (Paru en septembre 2002)
Après l'immense succès connu par "Les Neuf Marches", Daniel Meurois se penche une nouvelle fois sur les rouages subtils de la naissance et de la vie.
Si, avec "Les Neuf Marches", on a découvert, il y a quelques années, le chemin qu'emprunte une âme pour s'incarner, on ne savait toujours pas ce que vit un être qui ne parvient pas à venir au monde.
En termes simples et précis, c'est tout le problème de l'avortement, des fausses-couches, des morts prématurées et des malformations qui est abordé dans cet ouvrage.
Avec la méthode de travail qui lui est propre, l'auteur s'attache donc ici à aller à la rencontre de quelques âmes face auxquelles, pour des raisons diverses, des corps maternels se sont fermés… ou n’ont pas pu s’ouvrir.
Comment ces âmes ¨non désirées¨ ont-elles vécu et compris le rejet ? Leur souffrance a-t-elle un sens ? Enfin, de part et d'autre du rideau de la vie, comment dès lors se reconstruire… puis construire ?
Explicatif et déculpabilisant tout en demeurant responsabilisant, "Le Non désiré" a le mérite d'aborder d'une façon totalement nouvelle et aimante quelques-unes des épreuves les plus intimes qui puissent toucher aujourd'hui un nombre croissant de femmes… et de couples.
À travers un foisonnement de détails et de réflexions, Daniel Meurois nous livre là, encore une fois, une somme d’informations sans précédent.
Un guide apaisant pour mieux dépasser des blessures banalisées, cachées et trop souvent niées.
POUR UNE MISE EN COEUR...
Oui, pour une mise en coeur... Voilà les premiers mots qui sont venus se glisser directement sous ma plume en préambule à cet ouvrage. Comment, en effet, aborder d'une autre façon un témoignage de cette nature ?
Rendre compte de l'itinéraire intérieur de ceux qui vivent ce qu'on appelle pudiquement l'interruption volontaire de grossesse, parler du questionnement que suscitent les fausses-couches et les malformations, c'est assurément emprunter soi-même une route difficile.
De fait, tout au long de la rédaction de presque 200 pages du "Non désiré", j'ai constamment eu la sensation de faire de l'équilibre sur une corde tendue au-dessus du vide ou, en d'autres termes et sans mauvais jeu de mots, de "marcher sur des oeufs". Lorsque l'on traite de thèmes aussi intimes que ceux exposés dans ce livre, on prend le risque de toucher chez nombre de lecteurs des blessures profondes ou même encore à vif.
Si je me suis cependant lancé dans cette direction, c'est parce qu'il m'est apparu évident que l'on ne traite pas une plaie ou une souffrance en détournant simplement notre regard de sa réalité. On la cicatrise, on la guérit, on la dépasse en osant se placer face à elle sans la nier, sans en avoir peur. On ne la traite, certes pas, par l'oubli ni par les lamentations et la pitié que celles-ci induisent mais, au contraire, par sa compréhension et par l'apprentissage de la compassion.
Pour que ce témoignage soit réalisable, il était, bien sûr, indispensable qu'une main me soit tendue "d'en-haut". Il fallait qu'il y ait un ou des êtres qui me prêtent leur concours, c'est-à-dire qui m'acceptent comme spectateur respectueux de leurs faiblesses et de leurs forces tout au long de leur expérience de rejet. Il fallait surtout une âme mûre et beaucoup plus lucide que la moyenne qui m'ouvre à sa vie intime, qui m'invite à la saisir à la façon d'un fil conducteur.
Celle-ci s'est présentée à moi sous le nom de Florence. Je l'ai suivie entre les mondes, hors de mon corps et selon le même mode rigoureux de travail que la Rebecca des "Neuf Marches", il y a quelques années.
Ce chemin de complicité, pas toujours facile à parcourir, s'est étiré sur un peu moins de six mois... Le temps qu'il lui fallait, à elle, pour fleurir à nouveau, et le temps aussi qui m'était nécessaire, à moi, pour trouver les mots justes.
Car, ainsi que vous en jugerez, je me suis appliqué, comme toujours, à la plus grande des fidélités dans la retranscription des propos rapportés dans les pages de ce livre. Ceux-ci ne prétendent pas faire oeuvre littéraire. C'est d'abord le témoin attentif qui s'est exprimé à travers eux. Je les ai surtout voulu les plus simples et les plus directs possible, tels qu'ils sont sortis du coeur qui les formulait.
Que l'on ne s'y trompe pourtant pas, derrière leur apparent dépouillement se cachent souvent des vérités bien plus profondes qu'il n'y paraît... Des vérités qui peuvent demander une certaine gymnastique intérieure ainsi que des horizons sans frontière, si on veut vraiment pénétrer leur sens.
Parler de la problématique des avortements, de l'amertume des fausses-couches et des interrogations souvent douloureuses de tout ce qui est lié aux naissances difficiles exige de l'authenticité, de la précision, du concret et, évidemment, une bonne dose d'amour. Ce sont là les outils avec lesquels j'ai travaillé.
La précision et le sens du concret ne sont absolument pas, en ce qui me concerne, incompatibles avec les notions métaphysiques. Il n'était, par ailleurs, pas concevable ni souhaitable de contourner ces dernières dans leur aspect parfois déstabilisant, si je voulais pouvoir offrir une vision des choses sortant du traditionnel contexte médical, social, psychologique, religieux ou simplement moral.
J'ai voulu saisir la vie le plus près possible de son essence, dans ces mondes que l'on s'acharne officiellement à nier mais où les vraies cartes se distribuent avec leurs comment et leurs pourquoi.
Il me faut enfin remercier tout particulièrement ici Florence pour la simplicité, le naturel et la force avec lesquels elle s'est livrée. C'est incontestablement grâce à elle et à son intensité que j'ai l'espoir d'avoir fait oeuvre novatrice et utile avec "Le Non désiré".
Je sais en cet instant que son âme se joint à la mienne afin que de nouvelles fenêtres de compréhension, de respect et de tendresse s'ouvrent sur la Vie.
Daniel Meurois